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Trop tard : parti sans un mot

Sa vie s’effilochait, le temps était compté

Filait entre ses doigts, putain de sablier 

Qui égrenait son quartz inexorablement

Mais il avait à faire avant le grand élan

Le saut dans l’inconnu, le plongeon éternel

Sans même un parachute et sans l’ombre d’une aile.

Oui, il avait à faire. Un geste d’importance :

Terminer la machine qui lui rendrait l’enfance

Il avait inventé un outil diabolique

Qui remontait le temps en courbe hyperbolique

Un élément manquait, qui ferait le sésame

C’était le mot magique qui sauverait son âme

Car il fallait un mot pour démarrer l’engin.

Ah oui, je l’ai… argl…

©JL Le Breton

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Moi, La Baïse, j’aurais pu

Je suis fière d’être une rivière à taille humaine, faite pour des rapports d’amitié. Pourtant, j’aurais pu en mettre plein la vue !

J’aurais pu descendre des Pyrénées et faisant hurler mon onde tumultueuse. J’aurais pu, grâce à mon exceptionnel débit, abriter des centrales hydroélectriques. J’aurais pu réunir l’Atlantique et de la Méditerranée, bien avant le Canal des Deux-Mers. Mais je n’ai pas voulu vous quitter, odeurs, couleurs, paysages, animaux, peuples joyeux et attachants. Vous êtes tous ma famille. Prenez soin de moi, je prendrai soin de vous longtemps encore sous le beau ciel de la Gascogne. Je vous aime !

©Gérard Pinson

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Merde au compte à rebours !

Dès que l’on naît commence le compte à rebours vers la mort. C’est vraiment chiant ! On a beau monter très haut, on finit toujours par des cendres. Personne à ce jour n’est sorti vivant de la vie, même les riches qui ont les moyens de filer un bon bakchich à Saint Pierre finissent par trépasser. Le seul moyen connu pour ne pas calancher, c’est de vieillir indéfiniment. Pour ce faire d’ailleurs, le manque de savoir-vivre est fortement déconseillé. En conséquence j’irai au bistrot quand je sentirai venir l’échéance, il vaut mieux être absent lorsque se pointera la faucheuse, non ?

©Gérard Pinson

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La clôture

L’unité d’amitié se nommait la bande, elle se déplaçait à vélo, filles et garçons, sur les routes alanguies de la campagne solognote.

Les rires éclataient, rebondissaient dans les sous-bois, les kilomètres s’étiraient sous nos roues, notre jeunesse fièrement paradait.

Mais voilà, le corps a ses nécessités qui obligent parfois à s’arrêter. La supériorité des garçons s’exprime à cet instant. Je pose mon vélo, m’éloigne de quelques pas, enjambe le fossé, je commence à me soulager, ignorant les rires moqueurs et féminins dans mon dos.

Un instant mon jet viril touche le fil de fer de la clôture… électrique, aïe aïe aïe !

©Patrice Cousin

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La nudité

Le camping reste synonyme de jours heureux, de pins élancés vers le ciel bleu, à la découverte du bonheur, et oublier les brouillards humides de la  Sologne.

Courir sur la plage, sous le soleil, c’est l’été, c’est les vacances.

Rattraper la marée, se fondre dans l’eau ! Les vagues sont grosses, enfin pour mes cinq ans ; elles me roulent et me laissent sur le sable, épuisé, haletant, riant.

Je me relève, mon beau maillot de bain, amoureusement tricoté par maman sitôt mouillé pesait maintenant trente kilos.

Il pendait lamentable, jusqu’à mes genoux, me grattait, j’ai très tôt appris la nudité.

©Patrice Cousin

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Superstition

Années soixante-dix, l’euphorie, années merveilleuses.

Symbole phallique, accessoire indispensable de la drague, outil incontournable de mobilité, accessoire de sport, accélérateur d’adrénaline, un rôle moteur en somme, jamais en veille, j’ai nommé la voiture !

Mais, elle est toutefois un objet fragile qui demande beaucoup de soins beaucoup d’entretiens de nettoyages et de lavages ; pour moi, sitôt propres je m’empressais de les casser très régulièrement enfin quasiment enfin trois fois de suite, maudites bagnoles !

Grande décision, j’ai arrêté de les laver je n’ai plus eu d’accident.

J’aurais pu, mais non, je ne suis pas devenu superstitieux ça porte malheur !

©Patrice Cousin

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Le petit chat

L’hiver est rude, dehors il y a plein de neige, le jardin tout blanc, on grelotte dans cette vieille maison.

Le poêle chauffe autant qu’il peut, pas assez. Je m’amuse à faire de la buée en parlant tout seul, j’ai la goutte au nez. Il y a du givre sur le carreau, je gratte, et je vois… le petit chat, il a trois mois, il est dehors, il s’est échappé.

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Mange ta soupe

Je remonte loin, j’avais cinq ans au plus, les repas du soir commençaient invariablement par de la soupe ! Chaque soir, l’assiette, creuse, emplie d’un liquide chaud, me tenait tête. « Mange ta soupe » « non » « si » «j’aime pas ça » « ça fait grandir ».

Maman s’en va préparer la suite, vite, mon assiette, je file vers l’escalier ; en haut, comme chaque soir le petit chat m’attend !
L’escalier est pentu, avec mon mauvais pied bot, je trébuche, répand la soupe, casse l’assiette, m’ouvre le poignet. J’en ai encore la cicatrice qui toujours me rappelle l’obéissance.

©Patrice Cousin

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les Fabliaux immoraux…

Ils sont apparus en premier sur la page Facebook de Jean Louis Le Breton, écrivain, et aussi rimeur !

Par jeu, il avait écrit une “fable” inspirée par Jean de La Fontaine, inspirée seulement, car pour la morale…. Est-ce le démon du Midi, nous sommes dans le Sud Ouest ?

À baiser comme une machine
On ne saurait prendre plaisir
Inutile d’agiter sa pine
Il faut bien aimer pour bien jouir
.”
Elle ne ressemble pas vraiment à ce bon Monsieur Jean !


En lisant cette poésie, son compère -en un seul mot- Gérard Pinson fut pris, comment dire ? D’un élan, qui n’est pas serf, et vit dans ces lignes un appel à la polissonnerie, qu’il fréquente assidument et à qui il fait moult honneurs !
Lorsque je lu ces lignes, je proposai aux deux poètes d’en composer davantage afin de créer un recueil.

L’acceptation de MM. Le Breton et Pinson était la porte ouverte pour proposer aux autres auteurs de ce groupe gascon de se joindre à ce joyeux livret ! Gilles-Marie Baur, Christophe Casazza, Thierry Guille ont ainsi apporté leurs lignes à cet édifice coquin, pour lequel Virginie Descure a créé des sympathiques illustrations !

Chacun a composé quatre fabliaux, auxquels trois contes écrits par Monsieur Jean de La Fontaine ont été ajoutés. Il ne faut pas perdre de vue que ce dernier a débuté son œuvre par des contes grivois, osés, qui n’ont pas connu le succès immédiat ! Raison qui l’a poussé à se tourner vers les Fables, qui ont trouvé elles, très vite leurs lecteurs !

Peut-être en ira-t’il ainsi de nos auteurs ? Nous le leur souhaitons bien volontiers.

Une luxueuse robe noire pare ces fabliaux d’un éclat qui leur sied à merveille, rehaussé par le choix d’un superbe papier ivoire. Un très beau recueil…