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La clôture

L’unité d’amitié se nommait la bande, elle se déplaçait à vélo, filles et garçons, sur les routes alanguies de la campagne solognote.

Les rires éclataient, rebondissaient dans les sous-bois, les kilomètres s’étiraient sous nos roues, notre jeunesse fièrement paradait.

Mais voilà, le corps a ses nécessités qui obligent parfois à s’arrêter. La supériorité des garçons s’exprime à cet instant. Je pose mon vélo, m’éloigne de quelques pas, enjambe le fossé, je commence à me soulager, ignorant les rires moqueurs et féminins dans mon dos.

Un instant mon jet viril touche le fil de fer de la clôture… électrique, aïe aïe aïe !

©Patrice Cousin

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Superstition

Années soixante-dix, l’euphorie, années merveilleuses.

Symbole phallique, accessoire indispensable de la drague, outil incontournable de mobilité, accessoire de sport, accélérateur d’adrénaline, un rôle moteur en somme, jamais en veille, j’ai nommé la voiture !

Mais, elle est toutefois un objet fragile qui demande beaucoup de soins beaucoup d’entretiens de nettoyages et de lavages ; pour moi, sitôt propres je m’empressais de les casser très régulièrement enfin quasiment enfin trois fois de suite, maudites bagnoles !

Grande décision, j’ai arrêté de les laver je n’ai plus eu d’accident.

J’aurais pu, mais non, je ne suis pas devenu superstitieux ça porte malheur !

©Patrice Cousin

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Le petit chat

L’hiver est rude, dehors il y a plein de neige, le jardin tout blanc, on grelotte dans cette vieille maison.

Le poêle chauffe autant qu’il peut, pas assez. Je m’amuse à faire de la buée en parlant tout seul, j’ai la goutte au nez. Il y a du givre sur le carreau, je gratte, et je vois… le petit chat, il a trois mois, il est dehors, il s’est échappé.

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Mange ta soupe

Je remonte loin, j’avais cinq ans au plus, les repas du soir commençaient invariablement par de la soupe ! Chaque soir, l’assiette, creuse, emplie d’un liquide chaud, me tenait tête. « Mange ta soupe » « non » « si » «j’aime pas ça » « ça fait grandir ».

Maman s’en va préparer la suite, vite, mon assiette, je file vers l’escalier ; en haut, comme chaque soir le petit chat m’attend !
L’escalier est pentu, avec mon mauvais pied bot, je trébuche, répand la soupe, casse l’assiette, m’ouvre le poignet. J’en ai encore la cicatrice qui toujours me rappelle l’obéissance.

©Patrice Cousin